Quand les routes du ciel étaient tracées sur le sol

"L’avion est une machine, mais quel instrument d’analyse !
Cet instrument nous a fait découvrir le vrai visage de la terre "

Antoine de Saint-Exupéry in Terre des hommes

Il fut une époque où l’aviateur, scrutant la terre à la recherche de repères visuels, mains posées sur les commandes de sa machine, communiait à une grande œuvre humaine, qui rapprochait les hommes, et, en particulier, le malade et le médecin.

Je veux évoquer la période allant de 1931 à 1935, où l’aviation sanitaire prit son essor à Madagascar. C’est une évocation historique que j’ai le privilège de pouvoir illustrer par des pages d’un guide aérien, dessiné à la main et annoté par un des aviateurs de l’époque.

1931, la grande île de Madagascar n’est peuplée que de trois millions sept cent mille habitants, disséminés sur une superficie de 588 000 km2. La densité moyenne de population , par sa diversité ethnique et aussi par le régionalisme, héritage de son histoire..est de huit habitants par km2, donc très faible. La majorité de la population est enracinée dans des agglomérations éloignées les unes des autres, par son économie rurale et halieutique (1)

Et pourtant ce pays s’ouvre à la modernité. L’assistance médicale se développe depuis 40 ans, partant de la capitale et s’étendant jusqu’aux confins côtiers.

(1) halieutique : qui concerne la pêche

Taille comparée de la France et de Madagascar
Taille comparée de la France et de Madagascar

Rien mieux que la superposition exacte de la carte de Madagascar sur celle de la France ne peut illustrer les distances qui séparent le malade du médecin. La grande Ile s’allonge sur 1320 km du nord au sud, sur 500 de l’est à l’ouest.

Le réseau routier offre 14 500 km de voies, certes, mais 8 000 ne sont ni bitumés, ni empierrés et s’avèrent impraticables à la saison des pluies...

Force est d’envisager l’évacuation aérienne du malade vers les centres de soins, ou, le transport aérien du médecin.